Par Jean Luc Parel
Association « Les Chemins du Mont-Saint-Michel »
médaille Association Les Chemins du Mont St Michel

Le Mont-St-Michel, cheminer vers la Merveille

Le Mont-Saint-Michel : Un Haut Lieu de Pèlerinage et de Convergence depuis le VIIIe Siècle
Le Mont-Saint-Michel, a été depuis sa fondation au VIIIe siècle le point de convergence de milliers de pèlerins et de voyageurs. Venus de France ou de l’étranger, les « miquelots » (nom donné aux pèlerins de Saint-Michel en ancien français) ont tissé un dense réseau d’itinéraires appelés « Chemins montais ».

Un réseau médiéval entre histoire et partage
Les itinéraires réhabilités (dix aujourd’hui) ont été retenus en fonction de leur importance à l’époque médiévale dans le réseau très dense des chemins qui permettaient aux pèlerins de rejoindre le Mont.

Vitraux le Mont St Michel
Vitraux le Mont St Michel

À l’époque, il n’y avait ni balisage, ni panneaux indicateurs, ni cartes routières ou autres guides, seuls l’expérience partagée avant le départ ou en chemin et l’échange sur le terrain permettaient de privilégier telle ou telle voie. Il y avait donc de nombreuses variantes reflets de l’histoire du développement d’une cité, du franchissement des obstacles naturels comme les rivières. Les miquelots, comme les autres voyageurs empruntaient les grands chemins, héritiers des voies romaines et ancêtres des routes nationales d’hier, voire des autoroutes car, comme sur les Chemins de Saint-Jacques, il n’y avait pas de voies réservées aux pèlerins, mais des axes où leur proportion importante et peut-être aussi l’aura de la destination lointaine amenée à caractériser le nom du chemin.

Un voyage entre fraternité, histoire et patrimoine
Aujourd’hui les miquelots témoignent de l’amitié fraternelle entre les différents marcheurs, pèlerins et itinérants au long du Chemin.  La marche permet de découvrir les paysages, l’histoire et le patrimoine des communes traversées, en relation avec l’histoire des anciens Grands chemins suivis par les pèlerins des siècles passés, puisque l’ancien chemin de pèlerinage constitue le fil rouge de la découverte des territoires qu’il relie. Par ses publications préparatoires à votre marche ou à emporter en chemin, l’association ne se limite pas au patrimoine le plus célèbre, des cathédrales mondialement connues (Amiens, Chartres, Paris, Rouen…) à la «Merveille», l’abbaye du Mont-Saint-Michel, mais les replace dans un paysage monumental global, en tenant compte des monuments disparus: hôtel-Dieu urbains ou petits hôpitaux ruraux pour l’accueil des pèlerins, abbayes, prieurés, chapelles, églises paroissiales implantés en bordure des forêts du parcours. Le patrimoine civil a aussi toute sa place avec les châteaux, manoirs, demeures, etc. et le patrimoine viaire, lié aux voies de communication prend ici tout son sens (croix de chemin, oratoires, ponts, bornes, voies romaines, etc.).

Les Montjoies : l’émotion de la première vision du Mont
Depuis le Moyen Age, un des moments forts du pèlerin en route vers le sanctuaire de son choix est celui où il découvre à l’horizon la silhouette du but de son voyage; ce moment de joie intense a donné son nom à ces sites évocateurs , ce sont les montjoies, littéralement les monts de la joie. Les montjoies ne sont pas propres au pèlerinage au Mont et appartiennent à la culture universelle du pèlerinage médiéval. Plusieurs montjoies ponctuent ainsi les différents chemins montais au moment de la découverte visuelle du Mont et de sa baie… Serez-vous le premier d’un groupe de miquelots à découvrir le Mont à l’horizon ? Une occasion de se rappeler que selon des témoignages du XVIIe siècle, celui-ci était alors proclamé roi du pèlerinage et jouissait ainsi d’une autorité symbolique sur le reste du groupe, distribuant aux participants des rubans couleur achetés au Mont pour qu’ils soient attachés aux bâtons ferrés (ou piques) des pèlerins et en ramenant du Mont une couronne symbolique qu’il déposait au retour à la chapelle ou église de départ en témoignage de leur pèlerinage.

L’ultime défi : traverser les grèves vers le Mont-Saint-Michel
Mais avant de songer au retour, il vous faut dans une ultime étape atteindre le Mont, en traversant les grèves. Les pèlerins devaient franchir de nombreux obstacles naturels en cours de route, des rivières, des fleuves, des zones de marais, des forêts, toujours source d’inconnu et de danger, et la traversée de la baie à l’arrivée. Si aujourd’hui, celle-ci se fait accompagnée d’un guide, elle se faisait durant des siècles «au péril de la mer» par les dangers qui menaçaient les pèlerins, le risque de se perdre dans le brouillard et d’être noyé par la montée de la mer si rapide, de s’enfoncer dans les sables mouvants… Mais aujourd’hui la traversée à pied de plusieurs heures dans un sable boueux, dans l’eau et le courant des fleuves côtiers, constitue sinon une épreuve, tout au moins un temps très intense, avançant avec l’objectif d’atteindre le Mont qui pas à pas se rapproche, pyramide posée sur le sable et les eaux, seule entre terre, ciel et mer, à l’horizon…

Vous connaîtrez alors la félicité d’atteindre ce haut lieu, terme de votre itinérance, et d’entrer dans le Mont, de vous laver les pieds, de vous frayer un passage dans la montée de la grande rue jusqu’à la Maison du Pèlerin où vous trouverez accueil et repos, avant d’atteindre après avoir gravi les 365 marches du Grand Degré la «Merveille», chef d’œuvre de l’art gothique et de bâtisseurs. Le soir, vous contemplerez l’ombre du Mont projetée sur les sables l’environnant. La nuit, vous n’entendrez que le souffle du vent et le clapotis de l’eau au pied des murailles. Et le lendemain, à l’aube, vous serez saisi par, à l’horizon, une ligne orangée un peu vaporeuse annonçant le lever du soleil.

Pour en savoir plus sur l’itinéraire

Les chemins du Mont-St-Michel empruntent pour partie des itinéraires homologués FFRandonnée : GR® 125, 2, 22, 23, 26, 25, 34, 35, 36, 37, 39, 221, 221A, 221C, 223, 224, 364, 650 O, 655 et de nombreuses parties de GRP® et PR®. Pour en savoir plus sur les sentiers balisés FFRandonnée, consultez le site mongr.fr.