Par Jean-Marie MISS
Animateur du Chemin de Saint-Guilhem
Vers le cirque de Navacelles

Le Chemin de Saint-Guilhem : Entre Terre Sauvage et Héritage Spirituel

Alchimie du prévisible et de l’inattendu, de la prévoyance et du hasard, l’itinérance nous offre une parenthèse, un temps hors du temps et une opportunité de ressourcement. L’itinérance, c’est aussi la possibilité d’aller de découverte en découverte. La marche et la pensée s’unissent pour créer une plénitude mentale, propice à l’introspection créatrice et à l’observation attentive du patrimoine naturel, culturel et paysager. Pas après pas, notre vision se réajuste pour remettre à leur place les choses matérielles et celles de l’esprit. Et l’alliance se réalise, la pensée chemine.

Vue sur le pic Saint-Loup, Pascal Salsac

Le long des 240 km du chemin de Saint Guilhem, d’Aumont-Aubrac à Saint-Guilhem-le-Désert, de nouveaux horizons s’offrent à nous et stimulent le rythme de nos pas et de nos pensées. De l’Aubrac aux garrigues méditerranéennes en passant par les Cévennes, ce chemin nous invite à une alternance d’ambiances rares et insolites dont la beauté est le dénominateur commun. Les gorges succèdent aux plateaux, les rivières aux steppes, les prairies aux forêts. Le granite, le schiste et le calcaire étalent leur palette de couleurs, au toucher lisse ou rugueux, et dont les tons changent au rythme des heures et des caprices du temps. L’ensemble de nos sens devient le réceptacle de paysages, d’histoire, de légendes, de multiples senteurs ou saveurs sublimées au hasard des rencontres. Quel sera le spectacle du jour ? Une prairie verte et fleurie, un canyon tumultueux, des steppes infinies où renaissent les chevaux sauvages, une longue descente aux multiples lacets caillouteux, ou une ascension vers un nouvel horizon qui se fait désirer ? La nature a sculpté au fil des siècles des paysages somptueux, comme en témoignent les Gorges du Tarn ou le Cirque de Navacelles. Et l’Homme, devant tant de beauté et de richesses naturelles, a aussi laissé son empreinte, jalonnant le paysage de burons, capitelles, clèdes ou bergeries. Les nombreux dolmens et menhirs, les temples et églises, les croix témoignent d’une recherche de spiritualité et de la ferveur des habitants ou des itinérants. Car nombre de pèlerins du Moyen Âge nous ont précédés sur ce parcours, bravant les dangers qui les guettaient pour se recueillir devant les reliques de l’abbaye de Gellone, à Saint-Guilhem-le-Désert, avant de repartir en direction de Rome et de Saint-Jacques-de-Compostelle. Aujourd’hui, les vastes espaces sont toujours là, encore peu fréquentés, sauvages et préservés. La nature exulte et nous transmet son énergie, et pour notre plus grand plaisir, la nuit, le ciel se pare de milliers d’étoiles.

Pour en savoir plus sur le Chemin de Saint-Guilhem

Causse Méjean, Piet Hardeman